Je suis souvent confronté, en supervision, au besoin des coachs d’asseoir leur légitimité, particulièrement lorsqu’ils débutent (mais pas que!). La légitimité est le « caractère de ce qui est fondé en droit, en justice, de ce qui est équitable » mais, dans ce contexte, il s’agit d’un sentiment subjectif, qui va chercher dans les arcanes de la personnalité et de l’histoire de chacun. Il défie toute objectivité et renvoie à plusieurs questions existentielles dont celle-ci : « suis-je à la hauteur », relative à l’estime de soi, au sentiment de sa valeur et au fait de mériter cette place de coach.
La supervision, par « l’Autorité » que reconnait le coach au superviseur, et par sa manière de renforcer ce sentiment de légitimité, est un maillon essentiel de ce processus de construction. Quels leviers a-t-il à disposition pour cela ?
- Parallèlement à cet accompagnement réflexif sur la pratique, je suis vigilant à installer un climat permettant à la vulnérabilité et, parfois, à la honte, de se déposer et d’être contenue. L’instrument du coach, c’est lui-même : quoi de plus « légitime » qu’il soit directement impacté dans le processus ? Nommer explicitement le sentiment de honte ouvre un espace de dialogue d’une grande profondeur et contribue à fluidifier l’émotion. Concernant la honte, il n’y a « rien à faire », juste à la traverser. Lorsque je le juge utile pour le coach, je partage à des fins de soutien mes propres expériences de honte en supervision.
- Je vois le coach plus comme un artiste que comme un ingénieur, mais pourtant tous les deux peuvent être sujets à l’erreur créatrice, qui implique de suspendre le jugement sur ce qui a été dit ou fait pour en trouver la pépite. En accueillant inconditionnellement le coach et en se dévoilant, le superviseur l’invite à s’accueillir inconditionnellement lui-même. C’est un passage de « l’ Autorité » à la « Parité », très structurant. Parfois, cela se passe de manière imprévue, comme lorsque j’ai terminé une séance en disant « au revoir cher collègue » et que ces deux derniers mots ont eu un retentissement énorme pour le coach.